Accueillir les sentiments de l’enfant?

Je ne sais pas si tu es adepte, comme moi, de la parentalité positive, bienveillante, consciente, ludique, joyeuse… bref de toutes les méthodes qui nous apprennent à mieux communiquer avec notre enfant (dans le respect mutuel, la confiance, la coopération… et bien sûr l’amour!…) et bien, partout, partout, partout, il est dit qu’il faut accueillir les sentiments de l’enfant. C’est à dire ne pas les nier, les étouffer, les ignorer.
Ok, d’accord. Je suis à 100% d’accord. La plupart du temps. Mais.

bobo bébéEt si tu as lu l’article « Pourquoi on ne doit pas dire mais à ses enfants« , tu sais déjà que mon « mais » n’est pas tout à fait innocent.

Quand un enfant se fait mal (et je parle là des petits bobos du quotidien) il pleure, il hurle, il te perce les tympans, il te file le mal au crâne du siècle. Tu viens de vérifier (bien sûr) et tu sais qu’il n’a rien. Si tu accueilles son émotion, en hochant gentiment la tête et en disant: « ça fait mal »…. « hum, hum » et bien il hurle de plus belle, de grosses larmes coulent sur ses joues rebondies, tu obtiens une vision complètement panoramique de sa dentition et de ses amygdales (…) et tu cherches désespérément le bouton « volume », qui n’existe pas hélas dans la version standard (ni dans aucune autre version d’ailleurs, je te rassure).

Enclencher l’arrêt de la douleur

Donc, une fois que tu as validé la douleur, pas la peine d’en rajouter. Au contraire, c’est le moment de lui annoncer la bonne nouvelle: cette douleur va bientôt disparaître! (Les mamans sont des voyantes, tu ne le savais pas?)

« Ça te fait mal maintenant et dans deux minutes, ce sera fini. »

esenfant bobot très différent de  » Ce n’est rien, arrête tes caprices! » (cf: « Comment réagir  quand un enfant se fait mal?« )
Dire que la douleur est là et juste après, qu’elle va partir, suffit parfois à calmer les hurlements. (Et en plus, c’est vrai. Ca finit toujours par passer, non?)
Parfois, je rajoute: « T’as eu plutôt peur ou plutôt mal? » L’emploi du passé est volontaire, la douleur est déjà passée, ce qui renforce son pronostic de disparition (les mamans ne sont pas que voyantes, elles sont aussi malignes).

Les 2 mots magiques

C’est quand tes tympans sont sur le point d’être définitivement percés ou que ton cœur de mère en a subi plus que de supportable (ou les 2 à la fois) que c’est le moment de prononcer les 2 mots magiques (ou avant, la patience a des limites, parfois, souvent):

Montre-moi.
Montre-moi comment ça s’est passé?… Tu as glissé sur le carrelage?… Montre-moi comment…
Tu t’es cogné la tête? Montre-moi à quel endroit?…
Comme ça?.. Montre-moi comment exactement?…

Et là, votre petit bout de chou (mais ça marche aussi avec les plus grands) va se lancer dans une reconstitution des faits digne des plus grandes séries policières du moment. (Attention, il ne s’agit de chopper une deuxième bosse de l’autre côté, restons prudent!). Et toi, tu vas pouvoir endosser le rôle du super inspecteur/détective/commissaire qui comprend le pourquoi du comment et d’un ton dénué de tout reproche, toute culpabilité et de toute émotion tant qu’à faire:

Tu sais chéri, avec tes chaussettes, le carrelage, c’est glissant. C’est comme à la patinoire, il vaut mieux se tenir à la chaise ou qu’est-ce que tu pourrais faire pour ne plus glisser?
Ou
Je crois qu’on peut conclure que le chat n’aime pas quand tu lui tires les moustaches, ça doit lui faire pareil que quand je te coiffe les cheveux le matin, tu vois?
Ou
N’importe quelle autre précision qui pourra aider ton enfant à comprendre véritablement d’où vient sa douleur et à se demander comment faire pour l’éviter la prochaine fois.

enfant se fait malCes deux mots ont ceci de magique, que la concentration nécessaire pour reconstituer les faits est tellement grande qu’elle ne laisse souvent aucune place à l’expression de la douleur, qui du coup disparaît, comme par magie.

Si ton enfant est trop petit, tu peux mimer ce qui s’est passé (en te mettant à quatre pattes et tout et tout) et en lui demandant de valider ou non les gestes et les mouvements responsables de la chute ou du bobo.

(Si ton enfant a vraiment mal, passe à la vitesse supérieure avec la technique des sous-modalités que j’explique ici, sur le site des supers-parents.com: « Comment réduire la douleur de vos enfants?« )

Et évite d’accompagner tes explications d’un: « t’es vraiment maladroit ».. « tu fais jamais attention! »… « Il t’arrive toujours des bricoles »… « Ce que tu peux être chochotte, quand même »… ou autres phrases du même genre, si possible. (cf: les trois types qui nous éloignent définitivement de nos enfants) ce qui risquerait de gâcher le bénéfice de cette expérience à la fois instructive et préventive. Et puis, c’est drôle de jouer au commissaire 😉


Pour récapituler:

  1. Valider l’existence de la douleur (pour que les propositions suivantes soient acceptées)
  2. Dire qu’elle va bientôt disparaître (en regardant dans ta boule de cristal)
  3. « Montre-moi » et reconstitution historique avec moult détails.

Et chez toi, ça se passe comment la prévention des bobos quotidiens?

crédits photo: © Bestart © Eléonore H © Anja Greiner Adam


C’était ma participation aux Jeudis de l’éducation de Wondermomes

education conseil enfantavec « Accompagner son enfant dans l’amour de la lecture » chez Les découvertes de petite lutine
« Doudou or not Doudou? » chez Poucelimama
« Des lettres aux syllabes » chez La famille Bourg
« L’importance du langage des parents » chez Wondermomes

 

23 Replies to “Deux mots magiques pour calmer la douleur d’un enfant”

  1. Très chouette article!

    Je suis aussi sur le chemin de l’éducation positive, bienveillante… Ca n’est pas inné, ça n’est pas facile tous les jours… Je lis un peu, mais ce sont les articles comme les tiens et les témoignages de mamans qui me donnent des clés pour continuer!

    Pour l’instant quand mon titou se fait mal, il pleure peu, mais courre me voir en me disant « c’est bobo! c’est bobo! »… il veut un bisou et repart, mais j’essaie de ne jamais nier sa douleur ou son inconfort suite à une petite chute ou autre 🙂

    Merci pour ton article!

    1. Il se met en colère même quand tu dis d’abord « Ouh la la! Que ça doit faire mal!!! »?
      une autre technique consiste à lui demander: »A ton avis, ça va passer /arrêter de faire mal dans combien de temps/minutes/secondes? » 😉

  2. C’est exactement ça! Moi qui fais de la surveillance dans une école pour le moment et vois un trentaine de bobos sur une heure de récréation (je n’exagère presque pas !), j’affirme que c’est la meilleure façon de les calmer sur le champ.
    Bravo pour ton article, Valérie!

  3. J’ai essayé les deux mots magiques cela marche super bien, les larmes s’arrêtent presque immédiatement. Bravo et merci pour les conseils.

  4. Oui, ça marche !!!
    L’enfant reprend ainsi le contrôle de la situation.
    Merci Valérie pour vos publications. A portée de tous, avec humour et des situations « tellement vraies » les grandes théories deviennent concrètes ; )!

  5. Oui, et bonne nouvelle, ça marche aussi pour les plus grands, quand ils se font des bleus à l’âme !
    Rien de tel que de reconnaître ce qui est : ça passe plus vite : même pour soi, quand on arrive à mettre des mots sur ce qu’on ressent exactement, ça soulage : ouf, c’est ça !

  6. T’es conseils sont tellement simples et bons quand on y réfléchis qu’on fini par culpabiliser de ne pas le faire naturellement.
    Je crie et huuuuurle et dis jamais toujours et d autres mots polluants…..
    Grrrrr
    Vive la fatigue avec 4 trolls
    Merci encore valerie
    Bisou

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