L’art de tirer de fausses conclusions

Dans la vie, il est très facile de tirer de fausses conclusions. Il suffit d’associer deux expériences qui n’ont aucun rapport entre elles. C’est ce qu’on fait à longueur de journée avec des phrases sous la forme: X prouve Y.

Mon enfant crie => (cela prouve) je suis une mère nulle
Mon enfant ne m’obéit pas =>(cela prouve) il ne me respecte pas => (cela prouve) que je suis nulle
Mon enfant ne m’écoute pas => (cela prouve qu’) il ne n’aime pas donc je ne suis pas aimable, donc je ne vaux rien

C’est à cause de ces conclusions bidons qu’on se rend malheureux la plupart du temps. L’enfant peut crier pour toutes sortes de raison, et on s’amuse souvent à choisir celle qui nous fait le plus de mal, sans même prendre le temps de vérifier si c’est la bonne. A croire qu’on cherche à se rendre malheureux, curieux, non?

L’interprétation est la cause de l’émotion

croyance limitanteCe n’est pas la réalité qui nous rend malheureux mais bien l’interprétation que l’on en fait. Mon enfant pleure, c’est un fait. La question est de savoir comment je l’interprète:
– Je peux en faire une preuve de mon incompétence en tant que mère > un bon moyen de me sentir déprimée toute la journée
– Ou je peux en faire une source d’information pour lui proposer quelque chose d’adapté.

Le hic, c’est que cette interprétation est quasi immédiate, à tel point qu’il est facile de croire qu’elle fait partie de la réalité alors qu’il n’en est rien. On peut la changer et du coup changer l’émotion qui en découle.

L’astuce consiste à se poser la question:
« Qu’est-ce que je viens de me dire qui a provoqué cette émotion? »
C’est ce qu’on appelle le dialogue interne, ces fameuses phrases qu’on se dit sans s’en rendre compte et qui font pas mal de dégâts, mine de rien les bougresses.

Connaître la phrase qui a causé l’état négatif dans lequel on se trouve permet déjà de prendre de la distance et de vérifier si cette interprétation de la réalité qu’on vient de fabriquer est utile ou non.

Se défaire de nos croyances limitantes

L’idée, c’est de se défaire de nos croyances négatives sur notre propre valeur et sur nos propres capacités. Car une fois qu’on est convaincu que notre enfant ne nous aime pas, ou nous en veut, ou « nous cherche » c’est beaucoup plus dur de réagir de façon adaptée… (cf: perdre sa confiance en 3 minutes chrono). Alors que si on part du principe qu’il nous aime, et qu’on est une mère tout à fait au point, pleine de ressources, de savoir-faire, de capacités… tout à coup des solutions nouvelles nous apparaissent, des possibilités s’ouvrent à nous. (Quand je te disais que tout se passait dans la tête).

Mise en pratique

obéissance enfantLes faits: 8h15 départ pour l’école
– « Maman, tu me mets mes chaussures? »
– « Non, t’es assez grande pour les mettre toute seule! »
– « T’es méchante! »
Ma fille se met à pleurer.

>Interprétation:
Je l’ai mal élevé, j’ai raté son éducation, je suis complètement nulle! Moi, qui fais tout pour être gentille, elle dit que je suis méchante. Elle ne m’aime pas.

>Émotion:
Tristesse, colère, découragement, j’ai envie d’aller me cacher sous ma couette pour le reste de la journée ou de l’année ou même de ma vie entière. (oui, je sais, je suis très sensible).

Et tout ça se passe en quelques dixièmes de secondes.

> Autre interprétation possible: 
Ma fille n’a pas assez dormi – ou je n’ai pas assez dormi – ou les deux! Elle a besoin que je réponde à sa demande ou au moins que je prenne en considération sa fatigue. Je me dis que je suis capable de voir au delà des apparences. Et moi, j’ai besoin qu’on aille tranquillement à l’école. En tenant compte de ses besoins et des miens, je lui souris, l’encourage à enfiler sa chaussure droite, lui tend la gauche. « Merci maman, t’es trop gentille ».

>Emotion:
Energie, fierté, dynamisme, je crois bien que je vais aller faire du sport, moi, aujourd’hui!

Et si c’était aussi facile de choisir nos émotions?

Crédit photos Fotolia @pavelkriuchkov ©Oksana Kuzmina @Matthias Enter


C’était ma participation aux jeudis de l’éducation de Wondermomes

10 Replies to “Non, je ne suis pas une mère nulle ou Comment se remonter le moral en 5 minutes”

  1. Très bon article Valérie ! Et qui s’adapte tout à fait aux couples ou à toutes relations où, implicitement, nos émotions sont chargées… Dans l’une de mes dernières consultations, je mettais l’accent sur ce jeu qui s’installe : il s’agit d’un couple et j’ai fait remarqué à l’homme qu’à chaque coup de gu. de madame ou coup de spleen, il accuse le coup en se demandant ce qu’il a fait ou dit de mal « parce que forcément c’est de sa faute… » et il a fallu par prendre conscience qu’il a enclenché ce mécanisme parce que sa vraie problématique est qu’il a peur qu’elle le quitte et donc, il est prêt à tout remettre en question à son niveau en CROYANT ainsi la garder. Maintenant qu’il a pris du recul, il sait mettre en place une plus juste attitude face à celles de madame…
    Merci et sois sûre que tu es une bonne maman !!!!

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