Définition.caprice

On ne dit jamais : « Tiens, aujourd’hui, j’ai fait un caprice ». On emploie ce mot uniquement pour parler des autres et surtout quand ils nous tapent sur les nerfs. Le sous-texte est: « Ce gosse m’énerve, j’en peux plus! ». Pour les adultes qui auraient le même type de comportement, on dirait: « ce que tu es susceptible! ». Ce qui n’arrangerait pas plus les choses, d’ailleurs. Dire à quelqu’un qu’il est comme çi ou comme ça, quand c’est négatif, ça n’a en général pas beaucoup d’effet positif, vous avez remarqué?… Et pourtant on continue à le faire. A croire qu’on est tous plus fous les uns que les autres, car comme le disait Einstein:  »C’est de la folie de faire toujours la même chose et d’espérer obtenir un résultat différent ». 

Le dictionnaire dit « caprice: désir irréfléchi et passager ». Passager: l’enfant qui fait un caprice, va donc rapidement se plier à la volonté de ses parents de ne pas réaliser son désir (si ce n’est pas rapide, c’est que c’est donc autre chose)…. Alors, c’est quoi au juste, un caprice?… Un désir exprimé et non satisfait?… Si c’est ça, j’en fait tout le temps, moi, des caprices: « je veux que tu arrêtes de pleurer » (exprimé et non satisfait), « je veux que tu t’endormes » (exprimé et non satisfait)…
Irréfléchi: Si on demande à l’enfant, il pourra sans doute trouver plein de justifications à son attitude. Celui qui dit: « c’est un caprice » n’en comprend donc pas les motivations puisqu’il la trouve « irréfléchie ». Un caprice serait donc un comportement sur lequel on colle une étiquette histoire d’avoir l’air de gérer la situation. Les parents d’enfants capricieux seraient donc des parents qui ne comprennent rien à rien?… (C’est pas moi qui le dit, c’est le dictionnaire).

Étiquette = identité

Certaines méthodes d’éducation, comme la parentalité bienveillante insistent sur la nocivité de coller des étiquettes à nos enfants et notamment en leur donner des surnoms négatifs: « Tiens revoilà pot de colle »… « Arrête de pleurer, chouineur »… au cas où on n’aurait pas compris tout seul qu’insulter quelqu’un à longueur de journée n’aura pas que des effets positifs sur son moral ou sa confiance en lui….
Ado, mon père m’appelait « mademoiselle propro », parce que soi-disant je protestais tout le temps, ce qui me donnait à chaque fois une irrésistible envie de …..protester pour dire que ce n’était pas vrai! Dire à un enfant qu’il est capricieux (et non qu’il « fait » des caprices) c’est toucher son identité. Une fois adulte, ça sera d’autant plus difficile pour lui de se débarrasser de ce genre de croyances négatives (et handicapantes). Bon, dans mon exemple ça ne marche pas, être « Mademoiselle propo », n’a pas fait de moi une protestante…
Tout proportion gardée, quand on dit « je suis alcoolique » au lieu de « je bois tous les soirs », (attention, ce n’est de moi qu’il s’agit, hein, c’est un exemple) et bien ensuite, c’est d’autant plus dur d’arrêter, car ça voudrait dire qu’on n’est plus rien, qu’on perd son identité (alors qu’en vrai, il s’agit seulement d’un comportement, vous me suivez, là?). Un enfant étiqueté « capricieux » va avoir tendance à l’être de plus en plus pour exister de plus en plus, car c’est le rôle d’un enfant de grandir et de faire grandir tout ce qui constitue son identité.

Faites donc attention à ce que vous dites, bon sang.
Ou sinon, je vais devoir protester une fois de plus.

education conseil
Tous les jeudis (ou presque), c’est RDV « éducation » sur WonderMômes,

 

9 Replies to “Et si les caprices n’existaient pas?”

  1. Tout d’abord merci pour ta participation à mon rdv ! Je ne peux qu’être d’accord avec toi mais que c’est dur de tenir parfois sa langue O_o avec la fatigue, les mauvais réflexes reviennent vite

    1. Oui, des fois on s’entend parler et on se dit : « mince, j’ai dit ça, moi?!… comme ces « affreux parents » que je critiquais sans pitié »… 😉
      Super idée, ton RDV!

  2. Article très intéressant! Je ne suis pas maman mais je trouve dans ton blog une réponse a ce que j’ai toujours pensé!
    Juste une chose, je suis infirmière et la comparative avec l’alcoolique est un peu malheureuse car certe c’est une maladie et on ne se définit pas par une maladie, d’un autre côté dire je bois tous les jours aide à accepter la chose est à paraître normal ce qui ne l’ai pas ^^
    J’aurais plus pensé a: je suis pessimiste , aujourd’hui j’ai eu une vision négative. Est ce que ça marche? 🙂

    1. Oui, dire  » j’ai eu une vision négative aujourd’hui », laisse la possibilité de voir les choses différemment le lendemain, alors que dire « je suis pessimiste » nous enlève cette possibilité, car si on se met à voir les choses positives, on perd notre identité, on cesse « d’exister »… Pour les alcooliques, l’idée n’est pas de dire que ce n’est pas grave mais de donner la possibilité d’adopter un autre comportement, en se s’identifiant pas au fait de boire 😉

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