L’âge du non ?
Il est courant d’entendre que l’enfant traverse à partir de 18 mois « l’âge du non », que c’est une étape indispensable à son développement. Et qu’à partir de 2 ans, commence le fameux « terrible two ». Je n’ai jamais été très fan de cette théorie. (Comme celle des caprices, d’ailleurs; cf: et si les caprices n’existaient pas?).
Si on y réfléchit d’un peu plus près, c’est à cet âge là précisément qu’on passe toute notre journée à lui interdire à peu près tout ce qu’il tente de faire: « Non, ne monte pas sur ce meuble », « Non, ne touche pas à ça », « Non, ne met pas ça dans ta bouche »….
L’enfant expérimente, essaie, découvre et 90% de ses tentatives sont systématiquement stoppées dans leur élan par ces trois lettres: NON!
Avez-vous déjà entendu parler des « neurones miroirs« ?…
C’est une découverte scientifique qui date des années 1990: les neurones miroirs sont ceux qui permettent l’apprentissage par imitation. Et c’est parce qu’on le sait (sans le savoir) qu’on ouvre la bouche quand on donne à manger à la petite cuillère à nos enfants. Automatiquement, ils ouvrent la bouche en nous voyant faire.
L’enfant qui entend « non » à longueur de journée, sera bien sûr plus disposé à nous dire « non » à son tour, en exprimant par là, son désir d’apprendre, d’imiter, de faire comme… les personnes qu’il aime. Et plus on sera fâché en le disant plus l’enfant le sera aussi. Ce ne sont pas « des crises », mais seulement une imitation parfaite de notre expression verbale et non verbale. (Et sinon, pour les « vraies » crises, regarde donc cette vidéo: « Comment calmer la colère d’un enfant? »)
Comment dire non, sans dire « non »?
J’ai cherché longtemps une formule qui n’induise pas quelque chose de négatif pour ma fille. Car, répétée un certain nombre de fois par jour, une phrase peut avoir un effet « hypnotique » et faire naître des croyances (très limitantes) pour de nombreuses années.
- « Attention, c’est dangereux! » donne l’idée que le monde est dangereux et qu’il faut avoir peur de tout
- « Attention, c’est sale » suggère d’être dégoûtée de tout
- « Tu ne peux pas faire ça » réduit considérablement la croyance en nos possibilités personnelles
- « Tu es trop petite » donne l’idée qu’on est impuissant face aux choses, aux autres, au monde…
- « Tu n’as pas le droit » donne la croyance qu’on ne peut même pas essayer, la route est bouchée.
J’ai fini par dire: « tu pourras faire ça quand tu seras plus grande » ce qui me semblait être une formule pleine d’espoir. Et je n’ai jamais vu le début, ni la fin de cette fameuse période du NON ou du « terrible two ». (Mais rassure-toi, j’ai eu d’autres soucis cf: êtes-vous le matelas de votre enfant?)
Quelles limites poser?
Toujours dans l’idée que ma fille ne se sente pas brimée, ni empêchée de s’exprimer, de dire, de faire,… de vivre (!), j’ai cherché à réduire au maximum les interdictions. On entend partout qu’il faut poser des limites, des cadres, qu’il faut être ferme. Ok. Mais si ces limites ne sont pas comprises, elles n’aident pas l’enfant à grandir, bien au contraire.
En tant qu’adulte savez-vous que nos seules vraies limites sont celles que l’on se pose (soi-même)?… Et ces limites sont souvent celles dont on a héritées pendant l’enfance. Les parents veulent protéger leurs enfants, mais les enfants entendent ces limites comme des vérités absolues et définitives: le ‘tu ne peux pas » devient une fois adulte le « je n’y arriverai pas » face à n’importe quelle difficulté de la vie.
Pour moi, il n’y a que 2 choses à interdire à un enfant:
- Se faire mal
- Faire mal aux autres
Quand j’explique à ma fille que je lui interdis ceci ou cela pour une de ces deux raisons, elle accepte beaucoup plus facilement l’idée que ces interdictions ne sont pas des limites mais des protections.
Je pense qu’on peut faire entrer dans ces deux catégories toutes les interdictions de l’enfance et de l’adolescence (et de l’âge adulte aussi d’ailleurs). Et on aurait même pu tout regrouper dans la première, car faire mal aux autres, c’est aussi se faire mal à soi-même, non? 😉
Et toi, qu’est-ce que tu interdis à tes enfants? et comment?…
Crédit photo: Ramona Heim – Bo Valentino
C’était ma participation aux jeudis de l’éducation de Wondermomes avec:
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Bonjour,
Merci pour cet article, j’ai moi aussi pensé que cette étiquette de « terrible two » était mise par nous-même, parents, lorsque nous nous évertuions à dire « Non! ».
Par contre, après avoir intégré tout ceci et en être convaincu, comment faire pour que notre entourage respecte nos choix ? J’entends par là, comment faire pour que chaque personne que l’on croise ne se dise pas (ou ne nous dise pas explicitement) qu’avec ces deux « seules » limites nos enfants deviendront des petits tyrans ?
Car le problème est là, personnellement dans mon entourage, proche ou étendu, personne ne raisonne comme moi, et vraiment ce qui est le plus épuisant, c’est bien cela.
Une maman convaincue mais encore pas suffisamment convaincante auprès de son entourage !
Les « enfant-tyrans » sont plutôt ceux qui sont laissés à eux-même… sans cadre.. mais sans affection non plus 😉
Il faut qu’ils arrêtent de croire que les relations humaines doivent forcément déboucher sur un rapport de force… celui qui gagne n’est pas forcément celui qu’on croit!
http://www.droledemaman.com/cest-celui-qui-lache-qui-gagne/
et puis c’est tes enfants alors, c’est toi qui sais ce qui est bon pour eux 😉
Quand mon Adorable Petit Monstre de 6 ans vient avant le repas me demander une banane je lui dit : « Oui mais plus tard, après le repas par exemple ».
S’il fait des expériences-bêtises quand je cuisine, je lui suggère d’aller jouer à un jeu dans la salle de jeu.
« Et si tu allais lire un livre au lieu d’embêter ton frère ? »
Pour ce qui est de la mise en danger, je ne tergiverse pas. S’il traverse sans regarder, nous avons une discussion directement et j’impose les règles.
Chacun ses techniques.
Je verrais quand il aura 18 ans s’il termine junkie dans la rue et si j’ai bien posé les limites.
Et oui, le danger permet facilement de poser le cadre, car l’enfant sent qu’on sera ferme la-dessus quoi qu’il arrive… c’est pour les autres « interdits » que c’est plus délicat 😉
Moi j’utilise les « ça peut être », je donne de l’info (mais pas trop sinon ils n’écoutent pas). Le grand interdit que je leur mets, c’est de manquer de respect (envers eux-même et les autres) et quand on y pense beaucoup de choses passent dans cette notions de respect (la violence physique ou verbale, la sécurité etc).
Oui tu as raison le respect c’est encore plus précis que « faire du mal »… une notion peut-être plutôt destinée aux plus grands?…
Super ici on interdit peu sauf quand il y a danger sinon on accompagne plutôt qu’on interdit 🙂 j’essaie de dire stop plutôt que non 🙂
J’aime beaucoup « on accompagne plutôt qu’on interdit », belle formule 😉
Pas beaucoup d’interdit à la maison. Cela peut être paradoxal mais plus il grandit (2 ans) et plus on lui demande d’arrêter certaines choses. Là où il pouvait se mettre debout sur la table du salon à 15 mois, nous lui expliquons maintenant qu’une table sert à y poser des choses. Dans sa phase de découverte, tout était autorisé ou presque. Aujourd’hui il ne se met jamais en danger seul car il a eu le loisir de tester par lui-même.