Les Marmots à Gaveau
Dimanche dernier, ma fille a été invitée à passer l’après-midi chez une copine. Sa maman avait prévu de les emmener Salle Gaveau (d’ailleurs, pour celles qui sont à Paris, j’en profite pour vous dire qu’ils font de super spectacles musicaux pour les tous petits et aussi des ateliers, à partir de 3 ans, très ludiques où les enfants se retrouvent sur la grande scène du théâtre avec un instrument dans les mains- souvenirs inoubliables en perspective: les Marmots à Gaveau). Bref, c’est finalement le papa qui les accompagne, la maman est fatiguée. Tout de suite cet homme monte de façon fulgurante tout en haut de l’échelle de mon estime. Un papa qui prend le relais, simplement et avec bonne humeur, comme si c’était normal.
(Ah bon ? C’est normal ??…)
Arrivé dans la rue, il dit à ma fille avec un sourire extra-large et des dents ultrabright : « Donne-moi la main ! » et il lui tend sa main charpentée (ça se dit, ça, une main charpentée ?), une main bronzée, protectrice, chaleureuse… une main de papa, quoi !…. Ma fille saute de joie et glisse sa petite main d’enfant au creux de cette main d’homme. Je sens mon cœur fondre et je m’éloigne rapidement pour ne rien laisser voir de l’émotion qui m’étreint. La semaine dernière, elle a marché deux heures trente sans râler, en tenant la main d’un papa d’une autre de ses copines. Moi, qui n’arrive pas à lui faire faire 300 mètres, sans entendre : « maman, tu me portes ? J’suis fatiguée!… » Je suis épatée par le pouvoir fortifiant des mains de papa(s).

En manque de père
Mais quand j’ai senti ma gorge se serrer en entendant le « Donne-moi la main ! » je me suis demandée, si je n’étais pas, moi aussi, en manque de papa. Mon père a la maladie d’Alzheimer depuis 8 ans, et j’ai beau toujours pouvoir glisser ma main dans la sienne, et sentir la chaleur de son affection, tout le reste a disparu dans les oubliettes des connexions neuronales. (Voir le tout nouveau blog sur le sujet que j’ai créé avec ma mère). Suis-je en manque de papa pour moi ou pour ma fille?… On a besoin d’un père pour se construire, parait-il. Et une fois qu’on est construit, ça ne sert plus à rien, un papa?… En tout cas, entre son père absent et son grand-père, absent lui aussi à sa façon, ma fille n’est pas super entourée d’image paternelle positive. Un ostéopathe m’a dit aujourd’hui: « votre fille va se construire sur ce manque ». On ne me l’avait jamais encore sorti, celle-là. (En même temps, il est ostéopathe, pas psychologue). Comment construire quelque chose sur du vide?!… Je suis devenue experte en Kappla et je peux vous dire que quand on enlève les fondations, on ne tarde pas à entendre un gros « boum » (En même temps, il est ostéopathe, pas architecte). De combien de promenades main dans la main, un enfant a-t-il besoin pour éviter la dégringolade?…

Papaloc
Ne pourrait-on pas créer un service de location de papas sympas à la 1/2 journée? On partage bien sa voiture (bla bla car), on partage bien son appart (airbnb), on partage bien toute sa vie sur facebook, alors pourquoi pas son papa?
Franchement, je serais prête à payer en argent, plutôt que de devoir payer de mon corps pour que ma fille puisse se construire solidement. Et puis au moins, si on paye, on peut exiger un service de qualité, alors que dans l’autre alternative… c’est moins évident.
Ou alors, peut-être que je me plante complètement, et que si j’ai été si émue dimanche dernier, c’est que je suis juste en manque de mains d’homme…
Ça se loue, ça, des mains d’homme?…

3 Replies to “Ton papa, mon papa, et moi…”

  1. Moi j’ai trouvé un babysitter.
    Certes il est tout jeunôt, plutôt qu’un papa, ça lui fait un peu comme un grand frère…
    A la semaine c’est le seul « homme » qu’elle voit régulièrement…

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